26 Apr. 2022
L'histoire du shop japonais atmos
Atmos, le shop japonais crée par Hommyo Hidefumi niché dans le quartier d’Harakuju au Japon, est probablement l’un des shops pionnier de la culture sneakers. Importateur de paires OG de la marque au Swoosh au Japon, Hommyo s’allie rapidement avec Nike CO.JP pour créer des modèles exclusifs pour la jeune clientèle tokyoïte. L’idée d’exclusivité sera ensuite rependue dans le monde entier, faisant d’atmos, le shop initiateur des collaborations avec des revendeurs de sneakers. Le shop japonais est également le créateur du coloris Elephant, qu’on retrouvera ensuite sur l’ourson le plus hype des figurines : Be@rbrick. , New Balance, , et même saisiront aussi l’opportunité de s’introduire dans les rues Kawaï de la capitale japonaise. Découvrez l’histoire du shop atmos à travers la passion de Hommyo Hidefumi pour la culture.
Chapter 1 : The Gold rush of sneakers
Au retour d’un voyage aux États-Unis en 1996, alors qu’il a parcouru New York, Philadelphie, le New Jersey ou encore Boston, Hommyo Hidefumi déniche des paires OG comme des Air Jordan 1 de 1985 ou encore l’iconique Air Force 1 de 1982 à seulement 20 $. Ils les revendaient aux Japonais à plus de 400 $. Diplômé de l'université Temple à Philadelphie, les États-Unis lui étaient déjà familiers et c’est là-bas qu’il rencontre , propriétaire de la boutique UBIQ avec qui il fusionnera par la suite. À cet instant précis, l’entrepreneur à l’idée de ramener toutes ces paires au Japon, il revient à Harajuku avec plus de 500 paires. Ce quartier est connu pour être le temple de la mode pour la jeunesse tokyoïte. Il revend alors dans sa première boutique Chapter des sneakers, notamment des Nike, alors que le créateur de la boutique n’a même pas de compte pour acheter des paires et que le marché de la revente au Japon n’existe pas encore à cette époque. Pour lui, c’était donc très simple d’acheter des paires à moindre coût et de les revendre à prix forts. "Avant le monde du ressell, Hommyo Hidefumi le faisait déjà" affirme dans une interview avec le japonais.
Au-delà d’être un revendeur, Hommyo Hidefumi est également un grand collectionneur et détient plus de 1000 paires, il collectionne particulièrement les Air Force 1. L’ironie du sort est qu’il en a déjà revendu certaines à Nike pour que la marque constitue elle-même ses archives.
Quelques années plus tard, Hommyo détient à l’époque 6 ou 7 boutiques Chapter de reventes de sneakers, beaucoup de jeunes Japonais se rendent dans ses boutiques pour se procurer des paires. Chapter est donc un business déjà très florissant. Il a alors très vite interpellé Nike Japon pour lui rendre visite. À sa grande surprise, la marque au Swoosh n’est absolument pas frustrée de voir leurs biens se revendre à des prix dépassants leurs attentes, bien au contraire. Grâce à Hommyo Hidefumi, le marché de la sneakers plait à une clientèle beaucoup plus jeune attirée par des paires particulières comme les Air Max 95, les Jordan ou les Dunk. Ainsi, les premières paires exclusives Nike que Hommyo a vendues dans ses boutiques sont des SB Dunk Low et des Air Force 1 grise et bleue. Les jeunes campent plus de deux jours devant la boutique pour se procurer ses paires inédites.
CO.JP et atmos
"CO.JP est l’architecte. S’il n’y avait pas CO.JP, vous n’auriez pas des sorties limitées Quickstrike. Vous n’auriez pas la distribution segmentée, vous n’auriez pas les sorties exclusives Tier Zero de certains détaillants Nike, vous n’auriez pas SNKRS." affirme Jeff Staples.
Concept Japan était autrefois l’URL du site web japonais de Nike et est l’un des ancêtres de l’application que l’on connaît aujourd’hui. À l’instar de SNKRS, le site a sorti des paires exclusives à grand succès telles que les Air Force 1 Linen, les Air Force 1 Cocoa Snake ou encore les Air Jordan 1 Japan Addition sorties aux débuts des années 2000. Marcus Tayui est l’un des premiers employés en charge du marketing "Energy" de chez Nike à contacter Hommyo pour qu’ils proposent des designs personnalisés appelés SMU créant ainsi des exclusivités, et ça même avant la création de Nike CO.JP.
Lorsqu’il a réussi à détenir un compte Nike Tier Zero (TZ) pour distribuer, il décide ensuite d’ouvrir une boutique juste à côté de la première boutique Chapter. Ce compte lui permet de distribuer des paires ultra-limitées, encore plus que les quickstrike (QS). L’an 2000 signe alors le début de l’histoire du shop japonais atmos, faisant de ce dernier l’un des piliers de la culture sneakers au Japon. Avec l’aide de Marcus, ils créent alors des modèles exclusifs permettant ainsi d’augmenter le cachet culturel de la marque au Swoosh en utilisant les grands revendeurs japonais comme Hommyo. Au départ, il y avait une release tous les deux mois à peu près. L’importance d’une boutique en propre règne comme une évidence pour Hommyo Hidefumi. Pour le revendeur, il faut garder un lien avec le client même face à la montée du numérique. Alors, Marcus agira comme le conseiller de Hommyo dans le choix des paires à revendre au Japon. Jeff Staple à l’époque, directeur de la création de , va alors demander à Marcus comment il s’informait pour savoir sur quelles paires il fallait miser.
"J'ai demandé à Marcus : Comment savez-vous que la Zoom Spiridon est la bonne, que la Air Kukini est la bonne, que la Air Woven est la bonne ? Il m'a répondu qu'il se mettait souvent en contact avec un type pour déterminer ce qui est tendance et ce qui ne l'est pas. Ce type était Hiroshi Fujiwara." Jeff Staple
On comprend alors que le shop atmos et les collaborations qui s’y cachent était également supervisées par des grands de la culture comme . Ce dernier a collaboré avec Tinker Hatfield et Mark Parker le CEO de Nike pour HTM au début des années 2000. Leur travail respectif consistait à revisiter des modèles déjà existants de la marque au Swoosh et d'y ajouter de nouvelles technologies comme le Flyknit, par exemple. Il a par la suite crée sa en marque en 2003, Fragment Design. Ce qu'a fait Hommyo pour la sneakers, Hiroshi l'a fait pour le streetwear en rencontrant dans les années 90 à New York. Il rapporte dans ses valises la musique hip-hop et la culture occidentale dans son quartier d'Harakuju et crée son premier label GOODENOUGH qui influencera grandement la jeunesse tokyoïte.
Alors que nous nous questionnions sur la nature des collaborations dans la sphère culturelle de la sneakers il y a quelques mois. On peut affirmer avec certitude que CO.JP a lancé la course effrénée des collaborations les plus hypes de notre génération, notamment grâce au nouveau système de collaborations exclusives établit par Nike et atmos. Alors même que les intentions premières d’Hommyo n’étaient pas de collaborer avec le mastodonte américain, mais de simplement collectionner et partager sa passion dans son pays d’origine, le Japon.
Les collaborations emblématiques du shop
Les collaborations du shop avec nos plus grands équipementiers sonnent le début d’une nouvelle industrie florissante. Tous les drops de la marque suscitent de l'engouement, faisant de ses collaborations les plus importantes de tous les temps.
En 2002, il s’inspire alors de la Air Safari dessiné par Tinker Hatfield pour sortir la Nike Air Max 1 Safari.
Quelques années plus tard, le directeur de la création d’atmos dessine le Pack Animal composé d’une Air Max 95 et d’une Air Max 1. Ces paires incarnent la puissance des animaux de la savane : le léopard, le tigre, le zèbre, la girafe et le cheval. Le swoosh rouge symbolise les carnivores et le vert représente les herbivores. Ce design était clairement en avance sur son temps en termes de motifs et de matériaux. Découvrez nos Close-Up matières juste ici.
La paire collaborative avec le géant américain qui fait la renommée du shop est le Air Max 1 Elephant sortie en 2007. La paire est inspirée de la Air Jordan III et d’un éléphant qui s’asperge d’eau en pleine nature. Evoquant ainsi la nature et faisant écho au Pack Animal cette version collaborative aux touches de bleu jade a revu le jour pour la dernière fois lors des Air Max Day 2016.
Adidas, New Balance, Puma, et même Asics verront donc une grande opportunité d’introduire le marché japonais grâce au shop d’Hommyo, mais également de rayonner à l’international dans le futur puisqu’en 2020, le nombre de boutiques atmos s’élève à plus de 30. Atmos a permis à l’entrepreneur japonais d’essouffler son amour pour la culture streetwear et la sneakers. Le plus important est de diffuser la pensée et l’esprit dans ses boutiques, et c’est ce qui fait la force de sa réussite. L’entretien des relations et la connexion avec le consommateur sont aussi très important pour lui.
L'atmosphère atmos
L’œuvre d’Hommyo continue de rayonner, notamment grâce au merch qu’il propose à côté des paires qu’il vend, mais également à travers de nombreuses collaborations avec .
Pendant plus de 20 ans, travailler-dormir-encore a été le lifestyle d’Hommyo Hidefumi. Le secret de sa réussite est détenu dans la connaissance de son métier et sa manière de rester concentré tous les jours pour arriver où il en est aujourd’hui. Pour lui, il ne s’agit pas seulement d’un business d’achat-revente-échange classique, c’est une forme d’art et Hommyo a dédié une partie de sa vie au projet atmos. À la différence de Ben Baller le bijoutier préféré des stars qui s’est concentré sur la côte Ouest américaine pour asseoir son ambition, Hommyo Hidefumi s’est intéressé à la côte Est. Le parcours d’Hommyo est une véritable leçon de persévérance alliant sa passion pour la sneakers et le streetwear.
Avec le temps, atmos a assis une légitimité tellement grande après plus de 20 ans dans le milieu de la sneakers que le shop a le choix de collaborer avec la marque qu’il souhaite, qu’elle soit petite ou largement établie. Après avoir collaboré avec Sean Wotherspoon sur la Asics Gel Lite III, le shop a tout récemment collaboré avec la marque nichée dans les Alpes suisses On Running à l’occasion du Earth Day.
Crédits photos : Hypebeast, Le Site de la Sneaker, Nike