Paris Photo 2023 : ce qu'il faut retenir
13 Nov. 2023
Paris Photo 2023 : ce qu'il faut retenir
Ces derniers mois, la ville lumière est sous les feux des projecteurs de l'art. Après Art Basel qui envahissait le Grand Palais éphémère en octobre dernier et les lieux emblématiques de Paris, découvrez une rétrospective exhaustive de Paris Photo, la foire internationale consacrée, comme son nom l'indique, à la photographie. Du 9 novembre dernier à hier, les œuvres de plus de 800 artistes étaient aussi exposées au Grand Palais éphémère. Durant 4 jours, c'était plus de 130 galeries, des photographes venus des quatre coins du monde et des secteurs divers qui retenaient l'attention des professionnels comme des amateurs de cet art numérique. Et en parlant de digital, une section a retenu l'attention du Blueprint et de tous les visiteurs : la photographie à l'intersection de la technologie et de la digitalisation. Intelligence artificielle, NFTs et technologies, découvrez ou redécouvrez la photographie comme vous ne l'aviez jamais vu. Voici les choses à retenir de cette 26e édition de Paris Photo.
Paris, capitale de l'Art
On dit souvent que Paris est la capitale internationale de la mode, mais on oublie souvent que c'est aussi la capitale de l'art avec un grand A. Entre ses innombrables musées, ses foires détonantes, ses salles de spectacles, ses nombreux cinémas et ses monuments iconiques, la capitale de l'Hexagone regorge de secteurs artistiques. En ce début de semaine, la rédaction a décidé de faire un focus sur Paris Photo, la foire internationale de la photographie ancienne et contemporaine, qui se tient chaque année au mois de novembre, depuis 1997.
La première édition rassemblait 60 exposants. 26 ans plus tard, ce sont plus de 130 galeries d'art et 800 artistes qui dévoilent au monde leur savoir-faire et leur discipline artistique. Nommée le 3e art, que l'on appelle aussi les arts médiatiques ou le 7e art, autrement baptisé les arts visuels, la photographie évolue au rythme des tendances, des nouveautés mais aussi des siècles. En 2018, le grand changement du Salon était la photographie érotique, cette année, c'est le digital.
Entre photographie et technologie, il n'y a qu'un clic...
"Il faut explorer l'évolution de la photographie, à la frontière de l'art et de la technologie" ce sont les mots de Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo. Et cette exploration numérique, neuf galeries ont décidé de la mettre en avant au sein du secteur dédié au digital.
Entre les allées bondées de la foire parisienne, il est difficile de se frayer un chemin jusqu'à cette nouvelle section. Mais le feu en valait la chandelle puisque arrivés sur les lieux, le spectacle est au rendez-vous. Des jeunes ont un débat sur une oeuvre du studio de création u2p050 baptisée Smack Dat, mettant en scène le Président de la République Emmanuel Macron, entrain d'embrasser nul autre que... lui même.
Dans le même registre, le studio a pensé, avec l'aide d'une intelligence artificielle, une photographie similaire avec d'autres présidents américains comme George W. Bush ou Donald Trump. Le but de ces oeuvres ? Faire ressortir l'absurde et la parodie à travers l'art et l'IA. C'est en réalité bien plus que ça, puisque les artistes exposants voient cela comme de la philosophie, poussant le spectateur à s'interroger sur la frontière entre le réel et le virtuel, le vrai du faux, et le véritable impact de l'intelligence artificielle sur l'art.
Si l'usage de l'IA inquiète certains, d'autres ont décidé de l'appréhender de même que leur allié, comme le photographe allemand Boris Eldagsen, exposé à Paris Photo, qui avait créé une polémique au printemps dernier avec son cliché : Pseudomnesia : The electrician. L'image représente deux femmes, le regard fuyant avec un grain sépia, qui paraît dater de l'après-guerre. Et pourtant, cette oeuvre qui a remporté le prestigieux Sony World Photography Awards est en réalité une image générée par une intelligence artificielle. Supercherie volontaire pour faire naître le débat, l'artiste est précurseur d'une véritable révolution artistique.
Parmi les autres galeries et artistes présents, se trouvaient également Louisa Clement, David Horvitz ou encore Damjanski, qui réalise des oeuvres à partir de photos smartphones avec un algorithme d'IA.
Curiosa : quand la curiosité est un joli défaut
On dit souvent que la curiosité est un vilain défaut, mais pas au sein de Paris Photo. Pour cette nouvelle édition 2023, on trouve trois catégories primaires : le secteur principal, le secteur des éditeurs et le secteur Curiosa, mettant en avant une quinzaine de nouveaux artistes, qui participent pour la première fois à l'événement.
Comme pour Art Basel, La Biennale ou The Armory Show (foire d'art contemporain de New York), Paris Photo a décidé de mettre petits et grands artistes à l'honneur, parce que tout le monde mérite une place particulière dans le monde de l'art.
Le secteur Curiosa, accueille 16 galeries dont 17 photographes issus de 9 pays différents. Chaque artiste y participe pour la première fois dans un solo show, et ont tous été choisi par la nouvelle directrice artistique de la foire, Anna Planas. Parmi eux, une photographe a particulièrement retenu notre attention, et a ramené de la couleur en ce dimanche grisâtre et morose, c'est Hoda Afshar. Née à Téhéran en Iran, elle commence sa carrière de photographe documentaire en 2005 dans son pays natal, avant de le quitter pour créer et photographier dans son pays d'adoption, l'Australie.
À travers la photo et l'image en mouvement, Hoda explore "la nature et les possibilités de la création d'images documentaires" comme on peut le lire sur son site internet. C'est dans une salle d'un blanc immaculé que l'on retrouve sa série de photographies, mettant en scène des femmes, quasiment toutes de dos. Suivant la révolution iranienne féministe de loin, Hora Afshar a voulu représenter la mélancolie de la situation, à travers des clichés tristes et remplis d'espoir en même temps. Sur quasiment toutes ses oeuvres, les femmes et jeunes filles apparaissent avec une tresse, geste révolutionnaire et en même temps communautaire.
Girls boss
Après les secteurs principaux et secondaires, voici les programmes parallèles comme Elles x Paris Photo. Ce parcours initiatique, qui fait le tour de Paris Photo, s'articule autour de 38 femmes, sélectionnées parmi les galeries présentes. Ce projet a notamment permis de voir la représentation des femmes artistes sur la foire, passée de 20 à 36 % en 5 ans.
Parmi ces femmes artistes, on retrouve sur le stand de la galerie barcelonaise RocioSantaCruz, Ouka Leele à travers un mur de portraits colorés. Fond blanc, cadres noirs et oeuvres acidulées, cette scénographie captive et attire l'oeil du spectateur, qui sont nombreux autour de ce stand. Et pour cause, en plus de son talent, cette photographe espagnole est connue pour sa technique artistique particulière. En effet, elle aimait photographier en noir et blanc, puis repeindre les photos en couleur, avant de re photographier le résultat, obtenant à la fin une image hybride, entre peinture et photographie.
Voici selon le Blueprint ce qu'il ne fallait pas manquer de cette édition 2023 de Paris Photo. Et si le 3e ou 7e art (selon les personnes) vous passionne, découvrez sans plus attendre l'article sur nos photos préférées de 2023.
Crédit photo : U2p050, Lacrymosa