05 Jan. 2023
Le Radar #7 : Kolam
Quand le Sri Lanka rencontre Paris ! Voilà l'expérience proposée par Lahiru et Médoune qui nous ont ouvert les portes de , leur premier restaurant. Leur aventure culinaire commence en 2020, et les collaborateurs s'associent en ayant à cœur de faire rayonner la gastronomie sri lankaise. Le Blueprint a infiltré leur univers coloré situé dans le 10 e arrondissement de Paris, où les deux camarades se sont livrés sur leur parcours en revenant sur leur collaboration avec adidas tout en évoquant leur vision du futur, autour de délicieuses assiettes.
Pourquoi vous avez lancé Kolam ?
"On voulait que Kolam ne soit pas uniquement un restaurant, mais qu'on puisse aussi fournir une expérience globale. Je me suis toujours dit que je voulais mettre en avant le Sri Lanka, mais je ne savais pas vraiment de quelle manière. C'est une fois que j'ai quitté le domicile familial et que j'ai appris à cuisiner, que je me suis dirigé vers la cuisine sri lankaise. Je me suis dit : "c'est chanmé ce truc, c'est ce que j'ai envie de montrer aux gens !". Donc c'est parti de là et j'ai aussi voulu y ajouter mes autres centres d'intérêt, comme la sape ou la musique. D'où ce terme d'expérience, où les gens s'immergent dans notre monde métissé et où le Sri Lanka rencontre Paris" - Lahiru
Il représente quoi le logo ?
"Kolam c'est un genre théâtral au Sri Lanka, c'est de l'opéra rural, où les comédiens portent des masques qui représentent des démons et des pêchés. C'est assez spirituel, et c'est cet univers qui nous a intéressé depuis le début, d'où l'interprétation du masque qui est à l'origine du logo de notre restaurant." - Médoune
Quelles sont les inspirations de Kolam ?
"Globalement, on va s'inspirer du Sri Lanka et puis de Paris. On a l'habitude d'évoluer dans un environnement propice au mélange, que ce soit avec nos familles ou avec nos potes. Kolam représente tout ça." - Lahiru
"On est entouré de beaucoup de créatifs et on s'inspire aussi bien du Sri Lanka que de nos proches, sans oublier la scène culturelle et ce qui se passe aussi à Paris." - Médoune
Pourquoi est-ce important de mettre en avant la culture sri-lankaise à travers Kolam ?
"Pour moi qui suis né au Sri Lanka, j'ai grandi depuis tout petit dans cette réflexion en me disant qu'il fallait que je sois plus Français que Sri Lankais. C'est vraiment plus tard que j'ai compris qu'il fallait que je m'assume comme j'étais. Je me suis toujours dit qu'il fallait aussi montrer qu'avec cette culture, on pouvait être "frais" même en étant issu de l'Asie du Sud. Au final, avec Médoune, on s'est rendu compte qu'avec tous les événements et les projets qu'on a pu faire, qu'on touchait les gens qui avaient une double culture et qui étaient dans la même réflexion de s'assumer. Ils se disent aussi : "Certes, je suis Français, mais j'ai aussi une autre culture !"" - Lahiru
"C'est aussi une richesse d'avoir une autre culture, donc autant l'utiliser et faire briller les deux !"- Médoune
Pourquoi Kolam ça marche ?
"Je pense que ça fonctionne parce que c'est vrai, c'est authentique, c'est familial ! Il y a le père de Lahi qui cuisine, sa mère nous aide aussi et Lahi est comme mon grand frère. Je pense que quand les gens viennent chez nous, ils ont vraiment l'impression de faire partie de l'aventure et d'une grande famille. On rigole avec eux, on ne met pas de barrière et on cherche à être accessible et inclusif. Je pense que c'est ce que les gens recherchent et c'est ce qu'ils kiffent chez nous." - Médoune
Comment s’est goupillée votre collaboration avec adidas ?
"Ça faisait un mois qu'on avait lancé Kolam et Hugo Lecot qui travaillait chez adidas, nous a contacté sur Instagram pour savoir si on aimerait collaborer autour d'une paire." - Médoune
"On avait le choix entre une Samba ou une Campus. L'année dernière, il y avait un gros focus sur la Samba, donc avec Médoune on a décidé de faire un test sur la Campus qui est un classique de chez adidas, un peu comme une AF1 de chez Nike. Dans le programme qu'on nous a présenté, il y avait onze villes sélectionnées et elles étaient toutes représentées par un restaurant. À l'époque, on n'avait pas encore de restau et on n'était qu'une page sur Instagram. On s'est dit que c'était l'occasion de montrer qu'ils n'avaient pas eu tort de nous choisir." - Lahiru
"On voulait que la paire soit asymétrique pour rappeler la fusion entre les deux univers, donc le Sri Lanka et Paris. Les détails sur les stripes sont en batik, un procédé qu'on retrouve au Sri Lanka. Sur la semelle extérieure, on a Kolam écrit en sri lankais et en latin. Les lacets imitent un peu la soie et la broderie, ce qui rappelle l'un des corps de métiers que l'on retrouve au Sri Lanka. La semelle intérieure est faite en liège." - Médoune
Quelles ont été les difficultés rencontrées dans la création de Kolam ?
"Le plus dur pour lancer Kolam, c'était d'être sûr que c'était bien ce que je voulais, et de tout lâcher pour lancer ce projet. Quand on débute, on est seul et on a personne avec qui parler pour être sûr qu'on fait le bon choix. Donc, il faut prendre son courage à deux mains, puis annoncer à ses parents qu'on lâche tout pour partir dans un domaine inconnu. Il faut aussi arriver à se convaincre soi-même plutôt que les autres ! " - Lahiru
C’est quoi une journée type chez Kolam ?
"Chez Kolam, on a la particularité de changer nos recettes de façon hebdomadaire. Ça veut dire que l'on va réfléchir chaque matin avec le père de Lahi, qui est chef, aux recettes que l'on voudrait faire. Puis, on cuisine en fonction des légumes de saisons, de nos envies et de nos idées ! Le matin, on arrive, on fait le set up, et on ouvre à 11 h 30. Les clients arrivent et ils se régalent jusqu'à ce qu'il n'y ait plus à manger ! En général, on est ouvert de 11 h 30 à 15 h la semaine et le samedi jusqu'à 16 ou 17 h." - Médoune
"À la carte en ce moment, on présente deux kari du jour aux clients, un végétarien et un carnivore. Au niveau de la viande, on retrouve du poulet, du bœuf, de l'agneau. On a aussi du poisson ou des crevettes... Un peu de tout !" - Lahiru
"La noix de coco est très importante au Sri Lanka, elle lie le plus pauvre au plus riche et c'est un aliment qui va être utilisé dans son entièreté. C'est un ingrédient phare de la cuisine chez Kolam, on va la râper, la mettre dans les kari, et on la retrouve aussi en objet de décoration, sous forme de petit bol." - Médoune
Quels sont les prochains projets de Kolam ?
"On a beaucoup de choses qui arrivent ! On travaille sur des collections de sapes, du mobilier, de la décoration... Je ne peux pas trop en dire, mais sachez que ça arrive bientôt !" - Médoune
"Tout sera sur le site internet qui arrive prochainement ! L'idée, c'est qu'il devienne le "hub" de notre univers." - Lahiru
Où est-ce que vous voyez Kolam dans 5 ans ?
"Très bonne question ! Dans cinq ans, on aimerait bien avoir un deuxième restaurant, ou même un troisième ! Si on fait les sept merveilles de Kolam, on aura tout gagné, c'est un peu ça l'objectif ! Surtout, je pense qu'on aimerait pouvoir en vivre pleinement." - Lahiru
Quels conseils vous donneriez à un jeune qui veut se lancer dans la food ?
"Si je devais donner un conseil aux jeunes et à ceux qui voudraient se lancer, je leur dirais qu'il faut croire en soi, ne pas lâcher le morceau et que malgré tout ce qu'on te dit, tu as toujours la bonne idée !" - Lahiru "Lahi est aussi têtu, donc je pense aussi qu'il faut être têtu parce que quand tu penses que tu as la bonne idée, vas-y ! Tu ne vas peut-être pas être millionaire mais au moins, tu l'auras fait ! Il ne faut pas que l'argent soit un leitmotiv ! On savait qu'on avait une vision et on savait où on voulait aller. Donc, on a fait croire aux gens qu'on y était déjà !" - Médoune "On est la preuve vivante que sans argent, on peut réussir ! C'est un peu comme ça que je résumerais Kolam : "Comment ouvrir un restaurant sans avoir de restaurant !" - Lahiru
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Crédits photos : Kolam