Le Radar #13 : Aurore Guez
24 May. 2024
Le Radar #13 : Aurore Guez
Cela faisait un moment que le Blueprint n’avait pas fait un focus sur un(e) jeune artiste. Marques émergentes, créateurs indépendants ou entrepreneurs, les talents d’aujourd’hui seront les inspirations de demain. Après la mode, la musique ou le lifestyle, c’est à travers l’art que nous vous faisons découvrir ce nouveau radar. Jeune, talentueuse et déterminée, Aurore Guez est une artiste peintre, qui s’est faite toute seule. Après quatre expositions, aussi originales qu'innovantes, elle nous invite à découvrir la nouvelle, baptisée Le magasin de lit.
Une exposition à dormir debout !
C’est au 80 boulevard Sebastopol qu'Aurore nous a donné rendez-vous. En arrivant devant la vitrine, pas de grande surprise : des lits, des sommiers et des oreillers. À l'accueil, un surveillant nous indique les premières étapes de l’exposition. Il ne faut pas faire de bruit, marcher doucement, et surtout, être fatigué. Malheureusement, la fin de l’explication a été écourtée par la narcolepsie de notre guide. On traverse les allées du premier étage en direction du sous-sol. En arrivant, on est plongés dans l’obscurité, avec comme source de lumière, de petites bougies électriques.
Cette ambiance intrigante nous transporte presque dans un sommeil éveillé, et ça tombe bien, parce que l’artiste nous invite dans un voyage immersif, où l'expérience du musée est ici déconstruite. Plus besoin de piétiner, de rester assis des heures et finir par s'asseoir sur un banc.
Et si on vous disait que dans Le magasin de lit, on pouvait admirer des toiles, mais allongés ? L’artiste aime bousculer les codes et sortir des sentiers battus. Et pas besoin d’être devin pour s'en rendre compte.
Après L'épicerie, Les toilettes, Le camion et Le fast food, Le magasin de lit : “En général, on n’a pas vraiment l’habitude de faire des expositions allongées. Du moins, moi je n’en ai jamais fait” déclare Aurore. “Je me suis dit que ça pouvait être intéressant de travailler sur la position des spectateurs quand ils arrivent dans une exposition. Il y aussi le fait que le lit soit le symbole de l’endormissement de la société”.
Au fur et à mesure de l'exposition, on passe de matelas en matelas, pour observer les différentes toiles. L'occasion de se reposer, tout en admirant de l'art. Et aussi, de faire quelques rencontres, d'une façon vraiment atypique.
Tombez dans les bras d’Aurore
En se baladant entre les sommiers et les oreillers, on aperçoit des têtes qui nous sont familières. Basquiat, Dali ou encore Snoop Dogg et Omizs, ils sont là pour nous accompagner dans notre rêve éveillé (au sens propre du terme). Son inspiration, Aurore la trouve dans son imagination, au travers de personnes qu’elle admire, ou tout simplement dans la rue : "Je peins des personnalités ou des visages qui m’inspirent. Généralement, je m’immerge dans les univers des artistes que j’apprécie et que je souhaite peindre” confesse-t-elle. “Ça peut également être des visages qui vont m’inspirer, que je croise dans la rue, sur Pinterest ou sur Instagram”.
Les hasards existent, et la preuve en est avec Aurore. En 2020, quand le confinement a été annoncé, elle s’est demandée ce qu’elle pourrait faire de ses mains. Et c’est après avoir acheté une toile, des pinceaux, de la peinture et un chevalet, qu’elle a trouvé sa vocation. Peindre n’est pas une chose facile, mais pour certains, c’est comme une évidence. En plus de son talent singulier, Aurore a une imagination débordante, parfois trop même. Après quelques coups de fil et plusieurs refus, elle tombe sur Reuel Mizrah, le propriétaire du magasin Le lit. Et sa réponse était sans appel : “Quand nous nous sommes rencontrés, j’ai tout de suite été ok avec ton idée. Tu es venue, tu as eu l’idée un peu folle d’accrocher des toiles au plafond. Je me suis dit que tu étais complètement tarée, mais que c'était génialissime”, avant d’ajouter. “Tu as le sens du détail et tes œuvres sont magnifiques, donc comment refuser ?”.
Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?
Pour se conformer à la fantaisie de l’artiste, nous nous sommes effacés, pour la laisser prendre le micro, et aller interviewer les personnes présentes. Et parmi elles, on reconnaissait certaines têtes comme Valérie Damidot et sa fille, Kevin Razy, Anaïde Rozam ou encore la mannequin Maëva Marshall. Les réponses étaient sans appel. "Originalité", "osé," "talent", "dingue" ou "fatigué", ils étaient tous d'accord !
Bien évidemment, elle ne fait pas cela pour l'admiration ou la reconnaissance, mais bien par passion et par amour de l’art, avec un grand A. Finalement, sa vision artistique est à son image. Simple et généreuse. Depuis sa première exposition, jusqu'à maintenant, elle n'a jamais fait payer l'entrée. Pour elle, faire une exposition, c’est bien (et aussi très dur), mais le but premier étant de pouvoir en faire profiter tout le monde : ”Selon moi, c’est très important d’ouvrir l’art à tous. L'art appartient un peu à tout le monde. L’idée de pouvoir le rendre accessible à tous, c’est vraiment quelque chose qui m’a poussé à travers toute ma démarche artistique.”
Cette réflexion ne serait-elle pas l’essence même du street art ? Après ses multiples expositions, Aurore a choisi la rue comme nouveau terrain de jeu, pour faire profiter à tous de son univers unique. C'était aussi l'occasion de partir à la rencontre des gens, pouvoir échanger, s’inspirer et surtout, faire découvrir son art, à ceux qui ne le connaissaient pas encore.
Si vous ne l'aviez pas encore compris, Aurore Guez est à suivre de près. Elle risque d'accomplir de grandes choses, à la hauteur de ses ambitions !
Si vous souhaitez découvrir d'autres jeunes talents, direction notre rubrique Le Radar.
Crédit photo : @auroreguez