26 Jan. 2022
Discutons avec Dr. Woo
Drake, Kendall Jenner, Travis Scott, Hailey Bieber... quel est le point commun entre toutes ces stars ? Elle se sont toutes fait tatouer par le même homme : . Mais au-delà d'être le tatoueur fétiche des célébrités, l'artiste californien est aussi un passionné de sneakers et de mode au sens large. Proche de Chitose Abe, Brian Woo a d'ailleurs designé une partie de la dernière collection collaborative entre sacai et Jean-Paul Gaultier. De passage à Paris lors de la Fashion Week pour sa collaboration sur la , orchestrée par , le natif de Los Angeles nous a accordé quelques minutes entre deux tatouages pour discuter de sa collab', de ses premières sneakers et de ses Jordan préférées. De sa jeunesse en Emerica à son admiration pour Virgil Abloh en passant par son regard sur l'industrie actuelle, celui qui gérait un skateshop avant de se lancer dans le tatouage nous emmène dans une ride dont il trace l'itinéraire à l'encre de son aiguille.
Pouvez-vous nous présenter votre collaboration avec Levi’s ?
Pour le lancement de leur nouveau modèle de sneakers, Levi’s voulait créer une activation cool et interactive à Paris. Ils m’ont mis dans la boucle pour faire la curation de l’espace, des customs sur les paires et ajouter ma patte. On a aussi fait gagner quelques tatouages en raffle pour fêter la sortie de la paire et partager l’évènement avec toute la communauté parisienne.
Ce n’est pas votre première collaboration sur une paire, quel est votre lien avec la sneaker ?
La sneaker a joué un rôle vraiment important dans la manière dont j’ai grandi, mais aussi culturellement parlant. Nos paires de sneakers racontent tellement de choses sur nous, sur qui on est, ce qui nous intéresse et comment on vit. J’aime ce que les sneakers représentent, les différents usages qu’on peut en avoir et les marqueurs culturels qu’elles représentent.
"Personne n’a revisité la Air Jordan 1 comme Virgil l’a fait. Avec le recul, ce modèle avec cette approche déstructurée a eu un impact énorme sur l’industrie."
Quelle était votre première paire de sneakers ?
La toute première paire de sneakers que j’ai choisie moi-même, c’était une paire de Emerica, une paire de skateboard. Plus jeune, j’ai toujours eu des Vans mais je me souviens surtout de celle-là car ma mère m’avait accompagné pour l’acheter. Comme elle est assez simple et épurée, on a vraiment le sentiment qu’on peut se l’approprier.
Vous partagez beaucoup de customs de Birkenstock, c'est votre nouvelle passion ?
Non c’est juste de l’amusement ça. C’est surtout que j’aime bien mettre mes designs un peu partout.
Vous êtes souvent en crocs Salehe Bembury, vous êtes tombé dans la tendance des mules ?
Non, c’est juste que Salehe fait partie de mon cercle d’amis. C’est important de soutenir les projets de chacun mais c’est vrai que depuis quelques mois, on voit de plus en plus de mules. Je pense que c’est aussi dû au fait qu’on sort moins qu’avant et qu’on veut des paires confortables pour rester à la maison. Les vêtements cosy sont devenus nos uniformes de tous les jours.
Quelle est votre paire préférée ?
C’est une question difficile... si j’étais sur une île déserte, j’aurais répondu les Chuck Taylor montantes, les Black/White, parce que ça matche avec tout. Il y a certaines collaborations que j’admire aussi, mais je prends en considération le fait que la paire soit portable tous les jours. Beaucoup de collaborations sont tellement folles qu’on ne peut pas les mettre tout le temps ! Je dirais la Nike sacai Vaporwaffle Jean-Paul Gaultier. C’est une paire que j’ai portée et que j’ai vraiment trouvée intéressante dans sa construction. Elle est un peu bizarre mais les détails et les matériaux en font vraiment une très belle paire. Évidemment je préfère la noire car je ne pourrais pas porter l’autre tous les jours !
Ça parait évident aussi mais je dois citer la Air Jordan 1 Off-White qui est aussi une de mes paires préférées. Personne n’a revisité la Air Jordan 1 comme Virgil l’a fait. Avec le recul, ce modèle avec cette approche déstructurée a eu un impact énorme sur l’industrie. Tout le monde fait plus ou moins la même chose maintenant. Mais celle-ci, avec son colorway et sa silhouette, parle à tout le monde et montre vraiment à quel point une collaboration peut transcender une silhouette. Cette AJ1 a la personnalité d’une AJ1 mais avec tout ce que Virgil a su lui donner. Et même si on la porte sans faire attention, que les coutures se défont, et qu’elle est abimée et sale, elle reste cool.
"Je pense que faire des collaborations juste pour faire des collaborations, ça devient un peu lassant."
Que pensez-vous de l’industrie de la sneaker aujourd’hui ?
Je pense que faire des collaborations juste pour faire des collaborations, ça devient un peu lassant. Je pense qu’au début, ces entreprises ont bien calculé et sélectionné leurs collaborations alors que maintenant on abuse de la collab’ sneakers. Même si les collaborations sont cools, on n’a plus assez de temps pour les digérer. Les collaborations sont plus construites sur la hype que sur la créativité ou le côté artistique. Mais attention, j'aime toujours certaines collaborations qui sortent ! Mais je pense que dans tous les domaines : “less is more”.
Quels sont vos futurs projets ?
Je me concentre sur mes projets personnels, j’ai lancé une marque de skincare... j’essaye vraiment de créer des produits intéressants pour le quotidien. J’ai plusieurs projets avec des marques qui sont proches de moi. Je pense faire moins de projets commerciaux et plus de projets de ce genre là. Je sors un livre aussi cette année qui s’appelle “Everything is Permanent”, j’ai hâte que tout ça prenne vie.
Crédits photos : Steven Taylor/Blackrainbow Agency