23 Mar. 2022
Comment la car culture est devenue incontournable dans le streetwear
, , ... on pourrait se contenter de citer toutes les collaborations car x streetwear et "drop the mic" pour illustrer à quel point l'automobile a garé ses 4 roues sur le parking de la mode. Hoodies, vestes, t-shirts, casquettes... même si ces collabs incarnent autant la cause que la conséquence de l'imbrication de la car culture dans le streetwear, cette accumulation de produits est à l'image de la polarisation de la culture urbaine. Comme on l'expliquait dans notre bilan sur la culture sneakers en 2021, l'urbain est devenu mainstream et tout le monde veut sa part du gâteau. Les marques automobiles aussi et ça tombe bien, parce que les rappeurs, les athlètes et les designers ont tous rêvé devant des voitures de luxe étant plus jeunes. De à en passant par , ils n'ont pas hésité une seconde avant de collaborer avec des icônes de l'automobile, qui ne les auraient sûrement pas sollicités s'ils n'étaient pas les nouveaux faiseurs de tendance. Entre nostalgie du passé et avènement du streetwear, cet édito vous embarque sur l'autoroute de la car culture qui a mis la mode sur le siège passager.
Back to the future
"Quand j'avais environ sept ou huit ans. Mon grand-père avait une E30 M3 blanche de 1989. À l'époque, BMW représentait le luxe ultime et les meilleures voitures, et la M3 était la meilleure voiture de sport de son temps. (...) C'est ce qui m'a vraiment inspiré à un si jeune âge. J'avais des posters de la M3 sur mon mur. Mon grand-père est décédé quand j'avais neuf ans, mais je me souviens de lui dans cette voiture. Chaque fois que je pense à mon grand-père, je pense à cette voiture." Maître du story-telling, voilà comment Ronnie Fieg introduisait son partenariat avec à . Si les histoires marketing derrière les collaborations sont parfois tirées par les cheveux, on ne peut remettre en cause l'authenticité de celle-ci. Elle illustre donc très bien le lien fort entre les créateurs d'aujourd'hui et la car culture, qui trouve déjà ses racines dans les années 90.
Du côté du concurrent , A$AP Rocky déclarait récemment à sur sa collab : "J’ai grandi dans les années 90 et c’est l’époque qui m’inspire le plus. Cette collection rend hommage à la nostalgie qui me frappe quand je vois le logo Mercedes." Avant donc d'évoquer quelconque passerelle financière ou opportuniste dans la percée de la car culture dans le streetwear, il est essentiel de souligner l'amour des créateurs et des trendsetters pour les belles cylindrées, et ce, bien avant leur explosion médiatique. Virgil Abloh ne déroge pas à la règle : "Ma première expérience avec Mercedes remonte aux premiers clips de rap que j'ai vu étant plus jeune, dans mon enfance à côté de Chicago." De la même manière qu'une paire de Air Jordan 1 ou de Nike Dunk, ces voitures ont représenté un idéal et une forme de réussite dans les années 90/2000, qui sont les années référence de la culture actuelle mais aussi les années durant lesquelles ces créateurs ont grandi. Une époque où le streetwear n'était pas encore ce qu'il est aujourd'hui. C'est-à-dire mort.
“Streetwear is dead, mettez-le dans le coffre”
Citation iconique de Virgil Abloh, "streetwear is dead" pourrait très bien représenter la mort d'une époque. Une époque où le streetwear était une sous-culture, un moyen d'appartenance fort à l'inverse de ce qu'il est devenu aujourd'hui, c'est-à-dire mainstream. Que ce soit dans la musique, les sneakers ou la mode, la culture urbaine est la culture dominante. Et quand on est une marque de automobile dont le but est de vendre des voitures, il est totalement normal de vouloir sa part du gâteau. Mais si la mode est faite de cycles, on peut aussi dire que l'heure des 4 roues motrices est arrivée. Après une domination sans partage des influences motocross avec les collaborations de Supreme et en tête de liste, l'art de l'automobile s'installe désormais au sommet du streetwear. Autant que le luxe collabore avec le sportswear, l'automobile a mis le pied au plancher et ne compte rien laisser au hasard dans les mois à venir.
Sur ce marché qui prend de plus en plus d'ampleur, un ovni a su sortir son épingle du jeu en plein Paris. Passionné depuis toujours, n'a pas (toujours) eu besoin des collabs pour passer la deuxième : "Depuis toujours, je porte des marques liées à ce qui me fait rêver. Quand j'étais jeune, la première pièce que j'ai aimée était les Jordan. La marque était toujours liée à quelque chose qui me ramenait à une passion. (...) Pour moi, les voitures sont aussi importantes que les basketteurs que j'admire, alors j'ai créé la marque parce que je passais beaucoup de temps dans la mode - autant que dans le monde de la voiture. Et entre les studios de mes amis, les défilés auxquels j'étais invité, les magasins, entre tous les créatifs que je connais, au bout d'un moment, j'ai réalisé que je n'avais rien dans mon placard qui soit lié au monde de la voiture que j’aime tant." Avec des passerelles infinies entre passé, présent et futur, mais aussi avec des savoir-faire connexes, le rythme des collaborations entre car culture et streetwear ne semble pas prêt de ralentir. Mais à force de prendre la même direction, attention aux embouteillages.
Collaborations : veuillez ralentir, bouchons à quelques kilomètres
Au même titre que les collaborations sneakers sont peut-être en train de tuer la culture, les collaborations avec l'industrie automobile vont sûrement essouffler le genre à la longue. , , AWGE, Palace, Supreme, ... collaborer avec une marque automobile semble être devenu un prérequis dans le streetwear. Même si comme le précise Arthur Kar : "Nous avons tous au moins une expérience émotionnelle avec les voitures - une panne, vos parents qui vous amènent à l'école, votre petit ami qui vient vous chercher chez vous pour un premier rendez-vous, le bruit des voitures de course", on se lasse volontiers des souvenirs quand ils reviennent avec trop d'insistance.
Même si les produits et les formats qui sortent à chaque nouvelle collection sont nouveaux, l'esprit et les inspirations sont les mêmes. Des couleurs vives, des typos rétros, des "racing flag" et des flammes à tout va, la recette pour prendre la pole position pourrait mal vieillir à l'avenir. Et les bouchons pourraient flasher la car culture pour l'arrêter en plein vol. Si l'avenir nous dira combien de temps la car culture restera incontournable dans le streetwear, il nous tarde de savoir quelles frontières le genre va-t-il encore repousser. Et si vous êtes passionné de mode, n'hésitez pas à jeter un œil à notre nouveau format sur les petits créateurs : Le Radar.
Crédit photo : L'Art de l'Automobile