28 Dec. 2021
Pénuries et pandémie : comment Nike gère la crise
Depuis la crise sanitaire, les entreprises font face à de nombreuses difficultés, et les pénuries font partie du plus gros impact qu'elles subissent. L'une des plus touchées est , qui a déclaré en juin que les marchandises risqueraient d'être fortement affectées, dû aux ralentissements des transports des matériaux. Mais depuis, les pénuries ne cessent d'augmenter et la marque au Swoosh fait face à d'importants problèmes d'approvisionnements qui perturbent sa chaîne logistique.
Pourquoi une telle pénurie ?
C'est avec des difficultés de transports vers l'Asie, où l'essentiel des produits y sont fabriqués, que la reprise économique a été des plus périlleuses après la crise sanitaire. En effet, avec un manque constant de conteneurs pour les livraisons en bateau, ainsi que des trajets plus chers et des rotations nombreuses, les délais s'allongent. De plus, le manque de personnel pour les transports européens et particulièrement les chauffeurs routiers qui sont en première ligne, est difficile à combler. Avant la pandémie, il fallait environ 40 jours pour transporter un produit d'Asie en Amérique du Nord. Aujourd'hui, il en faut 80. Un impact considérable qui n'est pas pris à la légère et touche de manière négative, énormément d'entreprises.
Par ailleurs, avec de nombreuses entreprises qui fabriquent leurs marchandises dans des pays asiatiques, endroits où la COVID a le plus progressé, les usines de fournisseurs en Indonésie sont rouvertes mais ont accumulé de gros retards. Au Vietnam au contraire, les usines sont toujours fermées en raison de la pandémie causant des retards considérables en attendant les réouvertures.
Nike, un Swoosh en souffrance
Chez le géant de la sneaker, de gros problèmes d'approvisionnements perturbent la chaîne logistique. En effet, des pénuries sur certains de ses produits et surtout sur ses best-sellers, comme la Air Force One, sont à prévoir, mais à court terme. C'est lors de la présentation des résultats trimestriels que la marque a annoncé ce problème. "Les semaines de production perdues, combinées à des temps de transit plus long, vont conduire à une pénurie de stocks sur le marché au cours des prochains trimestres", a annoncé Matthew Friend, le directeur financier de Nike.
En juin, la marque était déjà au courant de cette pénurie, qui ne cesse d'empirer. Les usines de production ont pris du retard et ont du mal à reprendre un rythme normal après des semaines de fermeture. De plus, les usines de vêtements n'ont toujours pas redémarré, causant un retard de 10 semaines de production.
Une demande élevée
Nike s'attend à une croissance des ventes d'environ 5%, contre 10% à 15% les années passées. La marque au Swoosh a également perdu 3% dans ses échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New-York. Une situation déplorable au niveau des inventaires qui, selon l'entreprise, devrait s'améliorer pour l'année suivante.
Même si la pandémie n'a pas épargné Nike, notamment à cause de la fermeture de ses magasins et la suspension des activités sportives. La marque a tout de même vu son chiffre d'affaires progresser de 16% à 12,25 milliards de dollars, grâce notamment à la croissance des ventes en ligne et du click-and-collect. Malgré la crise, Nike prouve encore une fois que c'est une marque qui sait surfer sur la vague des tendances et a su capter l'engouement mondial autour des sneakers et du streetwear. Une attention qui a lui a permis d'augmenter rapidement ses bénéfices.
Malgré un réel manque d'approvisionnement, la demande de produits Nike est toujours plus élevée : "Nos résultats pour le premier trimestre auraient été encore plus forts si on n’avait pas dû faire face à la congestion de la chaîne d’approvisionnement”, déclare Matthew Friend.
Enfin, Nike n'est pas la seule marque à subir cette pénurie. En effet, , ou encore Ikea ont vu leurs productions prendre énormément de retard. Un retard qui fait suite à une augmentation du prix des matières premières, à la fermeture des usines en Asie, ainsi qu'au manque de main-d'œuvre dans les secteurs du transport et de la fabrication.
Vers une hausse du prix des sneakers ?
Avec toutes ces difficultés, les marques de sportswear auront sans doute tendance à augmenter leurs prix, et c'est d'ailleurs ce que confirme l'enquête de . Ces entreprises seront également invitées à se relocaliser afin d'être plus proches de leurs consommateurs. Une décision qui peut s'avérer bénéfique pour les marques, longtemps critiquées pour ces faits.
Au Vietnam, pays de production de la plupart des sneakers, la crise a eu raison des usines qui ont dû fermer leurs portes pendant 100 jours. Leur réouverture en octobre n'a pas été essentiellement bénéfique car un grand nombre d'employés qualifiés ont quitté le marché de la sneaker pour se tourner vers l'électronique, plus avantageux au niveau des salaires.
De plus avec une pénurie importante des matières premières, et notamment de la gomme et du plastique, les deux plus grosses usines Nike n'ont jamais pu reprendre leurs activités à pleine capacité depuis la crise de la COVID. Ainsi, la marque au Swoosh n'a pas pu honorer toutes les commandes passées pour la saison prochaine.
C'est aux États-Unis que le prix des sneakers a déjà augmenté de près de 10% en 2021. Les marques tentent de gérer l'inflation en adaptant leur production mais en 2022, la plupart d'entre elles assureront leurs marges en impactant leurs coûts supplémentaires, malheureusement, sur le consommateur.
Photo : Wethenew