Les Sculptures de Jacquemus : une géométrie poétique

29 Jan. 2024

Retour aux sources pour le dernier défilé de Simon Porte Jacquemus. C’est sous le doux soleil du sud de la France que la nouvelle collection baptisée Les Sculptures a été dévoilée aux invités, ainsi qu’au grand public en live sur Instagram. C’est au sein de la Fondation Maeght, connue pour abriter des œuvres de grands artistes tels que Giacometti, que le show poétique a eu lieu. Entre front row d’excellence, nouvelle perception du style Jacquemus et futures tendances estivales, le Blueprint vous transporte au cœur de ce défilé, à travers sa plume.

C’est comme si Jacquemus avait commandé la météo ce midi, à Saint-Paul-de-Vence. Les rayons du soleil pénétraient la salle intérieure, ainsi que la cour et le jardin dans lesquels les invités patientaient (en musique) avant le début du show, ou du spectacle. En attendant le début des hostilités, on a remarqué un front row de qualité. Carine Roitfeld, Kylie Jenner et sa fille Stormi, Tina Kunakey, Yamé, Gazo, Tiakola, la jolie garce préférée des français, Shay, Julia Roberts ou encore Edward Enninful, pour ne citer qu’eux. Toutes les personnalités les plus IN du moment étaient au rendez-vous.

Chaque saison, le défilé Jacquemus est attendu comme la cerise sur le gâteau, ou devrait-on dire la dernière paillette sur la robe, de la Fashion Week parisienne. Et comme à chaque fois, le défilé se passe en marge de la semaine de la mode, parce que vous l’aurez sûrement remarqué, mais le créateur provençal ne fait rien comme personne. Après le Château de Versailles, les champs de blé ou le Bourget, il revient dans sa région natale, parce que finalement, il ne l'a jamais vraiment quitté.

Près du crépuscule, il y a Jacquemus

Le roi du marketing, c’est Jacquemus. Chaque nouvelle collection s’accompagne d’un coup de pub spectaculaire, qui fait sensation et rafle tout sur son passage. Un peu plus d’une semaine avant le défilé, le créateur éponyme a révélé certains secrets de la prochaine collection, dont quelques pièces. Parmi elles, on retrouve une paire de richelieu, intitulée Zizi, en collaboration avec Repetto, avec leur bout carré et leur talon géométrique. Mais aussi le bracelet Nodi, le blouson Pilota, inspiré du sculpteur Giacometti, le sac Le petit Calino, dont les formes sont tirées des oeuvres de l’artiste Henry Moore, les lunettes de soleil Ovalo, le sac Vanito qui porte bien son nom ou encore une somptueuse paire de chaussures baptisée Les doubles sandales, qui comme son nom l’indique, est composée de deux paires superposées et les bottes les plus tendances la saison prochaine, les Cubisto.

Une déstructuration structurée

C’est au rythme de la voix rauque de Marvin Gaye que le défilé débute, avec Gigi Hadid ouvrant le bal, dans un manteau aux épaules géométriques, et aux coupes contrastées. Si le défilé porte ce nom, ce n’est pas par hasard. Tout a un lien. Du choix du lieu, aux silhouettes en passant par les inspirations, tout est pensé pour que l'art et la mode forment une synergie parfaite. Et le défi est réussi !

Ici, les coupes sont repensées, et ont vraiment un aspect à la fois sculptural et géométrique, qui donne un côté artistique aux vêtements. Les épaules sont carrées, ou triangulaires, les pantalons sont dotés d'un arrondi exagéré, quand certaines tenues présentent une asymétrie parfaitement maîtrisée. Les coupes sont courtes, longues. Les pantalons de costume sont d'un côté remplacé par des bermudas oversize, de l'autre présentés avec un too much oversize, comme une exagération du trop grand, qui donne un style assez atypique et décalé à la tenue, même si on ne se verrait pas porter ça tous les jours. L'uniforme est remis au goût du jour avec un côté parfait-imparfait, comme par exemple les cols de chemise blancs, levé d'un côté et abaissé de l'autre.

Le style de la collection est (selon nous) à la fois inspiré de la tendance secrétairecore, et de la nouvelle trend grandpacore. Avec les gilets qui tombent tout juste sur les épaules, les robes droites à l'esprit sage, les costumes parfaitement coupés et les accessoires inimitables de la Maison, qui sont ici retravaillés. Exit les mini sac, les bambino et les Chiquito, et bonjour les Vanito et les Calino.

Ce défilé est comme un retour aux sources. Peu de make up pour les mannequins, pas de fioritures sur les looks, des couleurs neutres et sans extravagance, à un détail près : le léopard.Quand ce n'est pas Jacquemus qui rythme les tendances, il s'en inspire. Et le léopard est LE motif le plus trendy de cette saison hivernale. Sur un costume, un manteau ou un pantalon, le créateur fait ressortir le côté animal qui est en lui avec cet imprimé !

Dernier détail, et pas des moindres : les chaussures. On en parlait plus haut, mais ce défilé est aussi surprenant en termes de vêtements, que de chaussures. Après un teasing des bottes Cubisto et des étrangement stylées escarpins Double Sandales, d'autres paires viennent se glisser dans l'équation. Chez les hommes, les tongs-chaussettes sont à l'honneur, autant que les mules. Pour les femmes, les bottes-tongs sont aussi de la partie, et nous rappellent étrangement une paire de Miu Miu de la saison passée.

Vous l'aurez compris, Simon Porte Jacquemus casse les codes et sort des sentiers battus, jusqu'au final de son défilé. Non catégorisé comme une marque de haute couture, ça ne l'empêche pas de dévoiler sa propre version de la robe de mariée, classe, simple, élégante, et presque timide.

Un final aussi beau que la direction artistique du défilé, qui, il faut le dire, nous a épaté. Outre les stars qui arpentaient le catwalk comme Gigi Hadid, Emrata ou encore Deva Cassel, la scénographie était impressionnante. Les caméras se jouaient des mannequins et des sculptures, nous livrant un spectacle visuel plus que réussit.

Jacquemus a toujours un coup d'avance, ou devrait-on dire une pièce d'avance. Quelques jours avant le show, sa nouvelle collaboration avec Nike a été dévoilée. Après la revisite des Air Force 1, le designer français s'attaque à la mythique Air Max 1, que vous pouvez apercevoir dans notre dernier article paru aujourd'hui.

Crédit photo : Jacquemus