Qui est l'homme derrière la Nike Overshoe ?
11 Jun. 2022
Qui est l'homme derrière la Nike Overshoe ?
Que vous soyez passionné d'astronomie ou non, le design de la Nike Mars Yard Overshoe vous a sûrement tapé dans l'œil. L'homme à l'origine de cette idée, n'est autre que . Collaborant avec l'équipementier américain depuis 2012, l'homme se laisse porter par sa créativité, notamment assisté par les services de la . Bien qu'il soit artiste plasticien de profession, le cinquantenaire se prête au jeu des collaborations et vient de sortir sa quatrième paire avec Nike. Découvrez le parcours méconnu de Tom Sachs.
Un artiste engagé avant tout
Avant de parler de son évolution chez Nike, il faut savoir que Tom Sachs est un homme engagé. Né à New-York en 1966, il passe son enfance dans le Connecticut. Une fois dans la vingtaine, il obtient son bachelor en art en 1989, au dans le Vermont, puis poursuit une formation en architecture à l' de Londres. De retour aux États-Unis, il organise ses premières expositions. Désormais lancé dans une carrière d'artiste plasticien, il véhicule des messages forts à travers son art. Ces créations servent de vaisseau pour la dénonciation en tout genre. Il s'en prend à l'impérialisme américain, à la société de consommation dans laquelle nous vivons mais, aussi, au progrès technique.
Des expositions marquantes
Pour ce faire, il crée des compositions "chocs" pour attirer l'attention. En 1994, il réalise sa première vitrine de Noël, Hello Kitty Nativity, pour les grands magasins . Sachs recrée une crèche en remplaçant les personnages principaux par des personnages empruntés à la fiction. Ainsi, l'enfant Jésus est remplacé par le célèbre chat japonais Hello Kitty, Bart Simpson représente les trois rois mages et la joue le rôle de la Vierge Marie. Sa prestation dénonçant le consumérisme est dite blasphématoire tant et si bien qu'elle ne fera qu'un jour en vitrine. Néanmoins, cet événement le place directement en première page du Daily News. Tom Sachs s'implante dès lors sur la scène artistique new-yorkaise. En 1999, son exposition à la de Manhattan le propulse dans l'œil médiatique. Pour l'occasion, il remplit une armoire d'armes à feu artisanales et remplit un vase de munitions de 9 mm que les visiteurs peuvent emporter dans un petit sac en papier orange. Après une enquête de police déterminant que les armes étaient fonctionnelles, la Galerie Mary Boone est accusée de trafic illégal d'armes. Bien que tous les chefs d'accusations aient été abandonnés par la suite, cet événement met un coup de projecteur sur l'artiste. Tom Sachs s'exporte aux quatre coins du monde pour y exposer son art : Allemagne, Italie, Japon, France, etc.
2009 : sa rencontre avec le PDG de Nike
Artiste désormais bien établit, Tom Sachs est approché par les grands directeurs de ce monde. Il fait alors la rencontre de Mark Parker, le PDG de Nike à cette époque. L'histoire de cette rencontre laisse place à deux versions distinctes. L'une d'entre elle est racontée dans le livre Sneakers de et Alex French. Sachs aurait approché le PDG de Nike lors d'une soirée à Paris dont il était l'hôte. Puisque Tom Sachs était habitué à critiquer ouvertement Nike pour la mauvaise qualité de ses produits, Mark Parker le mit au défi de faire mieux. La deuxième version est bien différente. En 2009, l'exposition Stages organisée par Nike et Lance Amstrong, à la à Paris, regroupait une pléiade d'artistes reconnus à l'international : , Tom Sachs, , Yoshitomo Nara, etc. L'événement visait à rassembler des fonds pour soutenir la et sa campagne Livestrong luttant contre le cancer. Ce serait lors de l'installation pour l'exposition, que le PDG de Nike aurait approché Sachs. Au cours de cet échange, l'artiste aurait soulevé un point crucial : l'inadaptabilité des chaussures Nike aux besoins "astronomiques" de son équipe. Mark Parker lui donna ainsi l'opportunité de créer sa propre silhouette.
)
Tom Sachs et Mark Parker
Cap vers Mars aux côtés du Swoosh
Nike Mars Yard
Fasciné depuis toujours par l'espace, son partenariat avec Nike est l'occasion d'expérimenter de nouvelles choses. La marque de Beaverton est en étroite collaboration avec la NASA, ce qui permet à Sachs d'entreprendre aux côtés de professionnels. Après trois ans de recherches et développement, Tom Sachs présente en 2012, la Nike Mars Yard. Cette paire est associée à son exposition Space Program 2.0. Sachs y expose également sa collection NikeCRAFT, composée de vestes et sacs à dos faits à partir de matériaux tels que des voiles de bateaux. La Nike Mars Yard, aux tons rouges et beiges de la planète Mars, reprend aussi l'esthétique de la paire des cosmonautes lors de la mission Apollo. L'empeigne se compose de vectran, de cuir et de daim, seul soucis une fois commercialisée, la paire ne tient pas. Même après une série de tests, elle ne passe pas celui de l'usage quotidien. En fin de compte, Sachs et son équipe confectionnent une nouvelle version.
)
Nike Mars Yard 2.0
La Nike Mars Yard part pour un deuxième round en 2017. Pour s'assurer que sa paire est de bonne qualité, cette deuxième version remplace le vectran, facilement déchirable, par un bon polyester. Le projet devient aussi collaboratif avec les internautes. Pour l'occasion, plusieurs personnes sont tirées au sort pour recevoir et tester la paire dans plusieurs endroits : rivière, ville, forêt. Puis les gagnants doivent poster sur leurs comptes Instagram les vidéos de leurs aventures avec la Nike Mars Yard 2.0. Cela donne lieu à sa série Wear Tester qui invite aussi les propriétaires des paires à les renvoyer à Nike afin qu'ils les désinfectent, les nettoient et vous les renvoient pratiquement neuves. En 2018, le succès de la silhouette donne aussi lieu à la création d'un modèle pour les enfants.
)
Nike Mars Yard Overshoe
En 2018, Tom Sachs va encore plus loin. La Overshoe encapsule parfaitement le style des astronautes. Conçue pour résister à toutes les conditions météorologiques, son empeigne est ultra résistante. Tout passe par son alliage en tissu dyneema, une fibre que l'on retrouve dans la voile pour les bateaux. Un grand pas en avant dans les designs de Tom Sachs et sa conquête spatiale.
)
Une paire "ennuyante"
Après le succès de la Overshoe en 2018, Tom Sachs est poussé dans ses retranchements pour une quatrième collaboration avec le Swoosh. Si l'on est habitué à ses propositions conçues pour les scientifiques de l'espace, il propose, cette année, une tout autre option. La General Purpose Shoe marque ses 10 ans de collaboration avec Nike et n'est autre qu'une paire répondant aux besoins du quotidien. Sachs déclarait il y a peu "tes baskets ne devraient pas être la chose la plus excitante chez toi". Des mots à l'image de cette paire banale, ou "ennuyante", comme précisé sur l'affiche de campagne publicitaire. Une paire sobre à l'empeigne blanche qui sert avant tout d'outil pour les déplacements quotidien. La GPS possède une semelle moulée en trois parties, des brides de fixation, un col microfibre et de la maille respirante. Des matières choisies avec soin pour assurer le confort et un bon rapport qualité-prix. Sachs explique aussi : "Il a fallu une décennie pour créer une chaussure aussi simple que possible. NikeCraft adopte l'innovation par nécessité. (...) Je me suis impliqué avec Nike au début parce que nous voulions créer une paire que tout le monde pouvait porter." Enfin, cette paire est censée vous rappeler aussi l'importance de créer un lien avec vos objets. L'artiste conclut : "Elles sont destinées à faire toutes les choses que vous faites [au quotidien] et à raconter votre histoire." La General Purpose Shoe est disponible à l'achat depuis le 10 juin.
)
Bien que Tom Sachs ne se décrive pas comme un fan de sneakers, ses collaborations astronomiques, font planer tous les sneakerheads.
Et pour en apprendre plus sur ce créateur hors pair, jetez un œil à l'article sur les paires de Tom Sachs.
Crédits photos : Hbxhk, Daily News, Getty Images, Nike