Discutons avec Mikano
03 Jun. 2024
Discutons avec Mikano
Nous donnons rendez-vous à au Studio bleu, dans le 10e arrondissement de Paris, un dimanche de marathon. Après un live session de folie, l'artiste multi-culturel a répondu aux questions du Blueprint, avec détente et aisance. Avec ses voyages à travers le monde, sa créativité musicale débordante et ses inspirations, Mikano a déjà vécu 10 vies. Il est temps de découvrir ce jeune rappeur émergent, qui retournera bientôt la scène rap de l'Hexagone.
Raconte-nous un peu ton histoire, comment es-tu arrivé à faire de la musique ?
Au tout début, j'écrivais surtout des textes de RnB, parce que mon grand frère le faisait. Je trouvais ça plutôt cool, et petit à petit j’ai commencé à écrire des choses un peu plus introspectives, plus centrées sur moi ou mon entourage. Ensuite, je me suis tourné vers le rap. De fil en aiguille, j’ai commencé à écrire de plus en plus de textes. Et un jour, un ami a booké dans mon dos une session studio pour que j’aille enregistrer mes sons. J’ai commencé à kiffer, et c’est comme ça que j’ai réussi à trouver ma patte.
Qu’est-ce que t’ont apporté tes différents voyages à travers le monde ?
Cela m'a ouvert l’esprit sur pas mal de choses. Dès un très jeune âge, j’étais dans un établissement où les gens venaient de partout, avec des cultures différentes et une grande ouverture d’esprit. Il y a avait comme un sentiment d’excitation qui était plus rapide là-bas. Tout le monde se retrouvait ensemble, échangeait et se mélangeait, malgré des cultures musicales très différentes. Je pense que c’est ça qui m’a le plus apporté : pouvoir s’adapter rapidement et ne pas avoir peur de découvrir de nouvelles choses.
Ton processus créatif est très instinctif, quels seraient tes conseils contre le syndrome de la page blanche ?
J'ai pas forcément de processus cadré. Ça peut débuter avec mes potes musiciens qui m’envoient des prods, sur lesquelles j’écris des textes ensuite. Parfois, c’est l’inverse. Je vais écrire et arriver en studio, on me fait écouter une instru et c’est là que je me dis que ça matche. J’écris souvent des phrases, ou des mots, quand je suis dans le métro par exemple. Je vais penser à des petites phrases par-ci par-là, et après, je fais du collage. C’est comme un puzzle finalement. J’apprécie ce processus-là parce que ça crée quelque chose d’assez riche. C’est juste un beau bordel.
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Peux-tu nous parler de la scène ? C’est quelque chose que tu apprécies ou au contraire, ça t’angoisse ?
Je kiffe de fou. Je crois que c’est même la raison pour laquelle je fais du son, pour la scène. Au début, je m'en rendais pas compte, mais au fur et à mesure, j’ai compris que c’était un peu une célébration la scène. Tu arrives pour montrer, célébrer tout le travail que tu as fait en studio, les prises de tête que tu as pu avoir. Et puis, t'es face à des personnes qui ont juste envie de sentir ton énergie. Finalement, c’est juste un partage. Tu donnes, tu reçois. Même si le studio, c’est très cool, la scène, c’est un autre niveau.
Qu’est-ce que tu as ressenti la première fois que tu es montée sur scène ?
Un stress de ouf, parce que c’était la toute première fois. Par exemple, je ne savais pas du tout comment me déplacer. Mais c’était un challenge qui a fait que dès mon 2e live à Paris, au nouveau Casino, ça a complètement changé. Et c’est à partir de ce moment que j'ai voulu continuer à monter sur scène.
Pourquoi rapper en anglais ? Quelles sont tes sources d’inspiration musicales ?
J’ai grandi dans des pays (Cameroun, Egypte, Abu Dhabi) où je devais parler anglais et j’ai choisi de rapper en anglais parce que j’aime bien cette langue tout simplement. Avec du recul, ça s’est fait plutôt naturellement. Dès mes 5 ans, j’écoutais l’album The Last Meal de Snoop Dogg. C’est un peu plus tard que j’ai commencé à m'intéresser au rap français. J’aime beaucoup, mais ça me parle pas au point de vouloir écrire mes textes en français.
Si tu devais choisir un artiste pour lequel écrire et composer, lequel choisirais-tu ?
J’ai déjà fait un rêve où j'étais en session avec Kanye et Frank Ocean pendant un séminaire, et en fait, on avait tellement fait du sale que je les avais traumatisés. Je penserais à eux en premier. J’aimerais bien avoir des sessions d’écriture avec le groupe Alabama Shakes aussi. C’est un groupe un peu pop rock et la façon dont ils écrivent leurs textes me touche beaucoup. Enfin, je dirais Agnès Obel, pour une session d'écriture, pareil. De tous les artistes que j’ai cités, c’est elle qui me donne le plus d’inspiration pour pousser mes textes, surtout ceux qui sont très deep et qui sont des métaphores sur la vie.
Comment décrirais-tu ta musique pour quelqu’un qui ne te connaît pas ?
C’est très éclectique. Il y a beaucoup de vibes, avec des sujets et des approches différentes, qui représentent vraiment tous les moods par lesquels je peux passer. C'est pas figé sur un style ou une direction musicale. C’est vraiment quelque chose pour qu’on comprenne les phases par lesquelles je peux passer durant une journée. Parfois, je suis d’humeur agressive, parfois positive. Je peux aussi me sentir un peu sad, et dans ce cas, je vais faire des sons un peu plus mélancoliques. C’est un peu comme un roller coaster.
Comment décrirais-tu ton style vestimentaire ?
Simple, minimaliste, sans trop de détails. Si je mets une paire extravagante, le reste de ma tenue sera simple. J’aime bien quand il y a un seul élément de ma tenue qui se démarque. Plus c’est simple, plus c’est ta vibe, plus c’est toi. Mettre quelque chose de simple, c’est vraiment ce qui me représente.
Qu’est-ce que tu portes aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je porte un hoodie Always Forward de Wethenew. Un pantalon cargo oversize que j’ai trouvé dans une friperie il y a un longtemps, et des Timberland.
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Qu’est-ce que t'inspire notre motto Always Forward ?
Pour moi, Always Forward, ça veut dire ne pas forcément regarder derrière. C’est quelque chose qui te force à repousser tes limites constamment, à aller chercher plus loin. Quand j’ai commencé dans la musique, Aaliyah, une artiste que j'adore, disait dans un de ses morceaux “up some more”. Pour moi, cette phrase signifiait autre chose. C’était comme se dire “plus loin, plus loin”. J’ai aussi fait un morceau dans lequel je dis “going up right forward”. Et pour ces deux raisons-là, ce pull et le motto m’ont direct parlé.
Qu’est-ce qu’on pourrait te souhaiter pour 2024 ?
Beaucoup de positivité, d’amour, d’énergie et de symbiose artistique. J’attribue beaucoup d’importance à tous les gens qui m’entourent, et plus ça va, plus on crée des trucs incroyables. Et aussi la santé, c’est très important.
Où te vois-tu dans 10 ans ?
10 ans, c’est long. On peut refaire une vie en un an, donc je pourrais pas me projeter tout de suite et me demander où j'ai envie d’être dans 10 ans. Je me dirais juste de continuer à faire ce que je fais tant que c’est pour les bonnes raisons, et je sais que c’est le cas, et d'avancer simplement vers là où je suis censé être dans 10 ans.
Crédit photo : Wethenew