Pigalle, Paris 2024, ses collabs... Discutons avec Stéphane Ashpool
04 Aug. 2023
Pigalle, Paris 2024, ses collabs... Discutons avec Stéphane Ashpool
Nous sommes vendredi après-midi, il fait chaud, mais c'est plutôt normal pour la fin du mois de juin. En marge de sa collaboration avec Hennessy, Stéphane Ashpool nous a donné rendez-vous en face du terrain de basket iconique de Pigalle pour une interview. Ponctuel, le créateur parisien arrive pile à heure, sur son vélo électrique et chemise ouverte, avec une élégance nonchalante qu'on lui connaît depuis toujours. Celui qui n'est pas à l'heure, c'est notre cadreur. Ni une, ni deux, Stéphane en profite pour aller shooter quelques balles avec les jeunes du quartier. Après quelques swish, le designer revient et nous propose de se poser en face de sa boutique historique, rue Henry Monnier. Après avoir serré les mains de quelques dizaines d'habitants du quartier en seulement quelques mètres, Stéphane se pose sur un banc et nous confie qu'il pourrait même se présenter à la Mairie du 9ème dans quelques années. En attendant, celui qui fait office de pilier de la mode FR depuis plus de 15 ans se pose là où il a grandi pour faire un tour d'horizon de sa carrière et de ses projets.
Le Blueprint : Comment s’est lancé Pigalle ?
Stéphane Ashpool : Quand tu commences à travailler et que tu as la fougue de la jeunesse. Tu ne sais pas trop où tu vas. Et puis peu à peu, tu commences à capter ce que tu aimes. Moi, j'ai compris très vite que j'aimais des univers différents qui étaient le basket, donc le sport, le spectacle et la mode. Et j'en ai fait ma propre sauce. Et j'ai pris un choix à un moment donné de pas essayer de faire comme une marque est censée faire de faire du wholesale, vendre partout. Mais je voulais me garder du temps et de l'énergie pour faire plein de sujets différents et traiter plein de trucs différents.
Le BP : Tu travailles sur quoi en ce moment ?
S.A : En fait, en ce moment, je travaille sur les Jeux olympiques, c'est moi qui habille les Français aux JO. C'est un énorme projet avec le Coq Sportif, P24 et le CIO je prépare d'autres trucs à côté. J'ai fermé ma boutique de basket devant le terrain que j'ai hâte de rouvrir pour 2024.
Le BP : Pourquoi Pigalle a eu autant d’impact sur la culture ?
S.A : Comme je suis dedans, je le fais de façon spontanée et surtout, je suis très discipliné quand je travaille et je le fais de façon organique. Il faut que ça soit proche de moi, que ça soit une collaboration ou un projet. Tu vois ce que j'ai légué ou laissé, je ne sais pas. Après, j'ai de la chance, j’ai beaucoup de retours de gens qui me disent : « Ah ouais ça, ça m'a inspiré. » Ou juste quelqu'un qui va dire : « Ah ouais, ça non, moi je n'aurais pas fait comme ça », mais ça va peut être l'inspirer à faire autrement. Donc ce qui est sûr, c'est que c'est que j'ai l'impression d'avoir marqué mon temps, quoi. Et ce que j'apprécie, c'est que je me sens en super bonne forme en ce moment aussi et je suis ready. Donc c'est comme si tu as des cycles, j'en ai fait un. Il est allé de A à Z et là j'en redémarre. J'en redémarre un.
Le BP : Comment s’est goupillée ta collab avec Hennessy ?
S.A : Avec Hennessy, c'est arrivé de façon assez spontanée en fait, ils sont venus vers moi. L'équipe d’Hennessy connaissait mon travail et j'ai toujours été présent dans la fête. J'ai toujours beaucoup fait de fêtes, des fêtes liées au jazz ou à la musique avec des instruments, mais en mélangeant la jeunesse, etc… Donc je trouvais qu'il y avait un lien. Personnellement, c'est ce que moi je consomme de temps en temps toujours avec modération. Mais c'est une maison française, c’est important pour moi. Je suis allé à Cognac, ça m'a beaucoup plu et il y a ce savoir-faire français. C’est un truc que je suis sensible en général que ça soit peu importe les sujets, de la nourriture à comment on s'habille, j'aime bien notre industrie, j'adore ce qui est fait chez nous et donc c'était le cas avec Hennessy et ça a bien fitté.
Le BP : Comment s’est goupillée ta collab avec Hennessy ?
S.A : Le lieu s’appelle STR.EAT, il y a une curation de nourriture, de musique, c'est ouvert pendant dix jours pendant la période Fashion Week et il va y avoir des bonnes soirées.
Le BP : Pourquoi Pigalle est toujours au cœur de tes projets ?
S.A : Je crois que Pigalle avant tout, c'est un quartier où il y a plein de gens qui y habitent et moi j'en fais partie. Donc c'est le quartier, une zone et l'esprit de Paris que je représente. Et à un moment donné, ça a pris tournure d'être une marque. Mais ce n'était pas ma volonté. Ça a été perçu comme une marque. Mais pour moi, ça reste un quartier, donc c'est le quartier que je veux animer avant tout. Donc ouais, je le mets en avant. J'essaie d'être là le plus possible. Après, j'adore par exemple le club de jazz jazz Spool. Il était à Saint Germain et ça m'a fait du bien de changer aussi.
Le BP : Comment fais-tu pour rester créatif et inspiré ?
S.A : Ce qui est bien, c'est que la préparation mentale d'un créatif, c'est de voir et de voyager et de voir le monde et d'être présent, à être ouvert aux émotions, aux gens, à ce que je vois à la signalétique… Et donc ça, je le fais souvent. Donc dès que je suis amené à devoir créer quelque chose, en fait, je suis ready. Je suis prêt et donc dès que les choses viennent, j'essaie de leur donner un moment. Je ne peux pas me dire « Tiens, je vais travailler là dessus ». Il faut que je le sente ou que je me donne une timeline et dès que je sens que je suis ready, hop, je fonce dedans. Mais ça, ce n'est pas moi qui le dicte, c'est l'énergie plus.
Le BP : Quel conseil donnerais-tu à un jeune créatif qui veut se lancer ?
S.A : Je suis très concerné par la jeunesse. Je pense souvent à la jeunesse à Paris et c'est vraiment très important pour moi. Quel conseil je pourrais vous donner ? C'est d'aller au bout du projet, c'est si on commence, si on a démarré, on va de A à Z. On est disciplinés, on y croit. Si on sait qu'on a du travail, on dort, on prend soin de soi, on prend soin de son esprit. Quand il y a des noeuds, on essaie de s’apaiser. Il faut un peu de chance, beaucoup de travail et les choses vont bien se passer.
Crédit photo : Wethenew